Dans le cadre du Mois de la Culture Française à Cuba, le Musée National des Arts Décoratifs de la Havane présente une exposition autour de la représentation de Marie Antoinette dans les collections publiques Cubaines. Porcelaines, sculptures évoqueront cette reine emblématique.
En dialogue avec ce regard spécifique du commissaire d’exposition cubain Gustavo Lopez, Olivier Perpoint, IDEATore de ICI International Cultural Institute, propose noli me tangere une installation de l’artiste française émergente Alice Guittard, lauréate du second prix de la Bourse Révélations Emerige 2017. Un regard contemporain est posé sur cette reine, le fantasme qu’elle a produit dans l’Histoire de France et mondiale, son destin.
Le travail d’Alice Guittard est toujours emprunt d’un travail de recherche littéraire, archéologique et aléatoire. Elle a exploré en ligne et in situ les collections publiques françaises.
« Intouchable» elle le fut par le nombre de légendes qui entourent son personnage, « intouchable » aussi par son statut de monarque et son désir de conserver la monarchie absolue, « intouchable » de son peuple qui l’admirait et la haïssait en même temps, et puis « intouchable-intouchée » de son époux Louis XVI durant les 7 premières années de son mariage, ce qui donna lieu, peut-être, au développement de cette personnalité si singulière.
Je propose une re-lecture poétique de cette icône en abordant des sujets plutôt méconnus et peu vérifiables dans leur véracité, comme les larmes peintes à la peinture d’argent à la Chapelle Expiatoire de la Conciergerie à Paris où elle passa les derniers jours de sa vie coupée du monde et que l’on retrouve en marbre et miroir de Murano dans l’exposition dans les deux alcôves ; les bols-seins en porcelaine que je présente sur des socles en verre de Murano teintés dans la masse et qui renvoient à la série de jarre-tétons soit disant moulés sur la reine directement par la Manufacture de Sèvres ; également un collier de perles de Murano en vitrine que l’on retrouve dans les photographies imprimées sur soie qui constituent un parcours tactile et qui frôlent les œuvres de la collection du Musée des Arts Décoratifs. Ces photographies proposent un regard contemporain sur le personnage énigmatique de Marie-Antoinette : on découvre une jeune fille de l’âge de la reine lors de son mariage qui boit du lait (pratique journalière de cette dernière) en son sein. La frontière entre l’innocence et la provocation se lit dans le regard de celle-ci et la grandeur de ces images intensifie le malaise que peut ressentir le public au milieu d’elles.
D’autres indices sont disséminés dans les vitrines, comme un pain brioché qui contient un bijou, si l’on est attentif ainsi qu’une mèche de cheveux appartenant à un descendant de Rosalia Abreu non loin du morceau de bois de la guillotine qui aurait ôté la vie à Marie-Antoinette.
Alice Guittard (France) est lauréate des commissions Arts Visuels de la Cité internationale des arts.