installation

Marie-Claire Messouma Manlanbien

ENTRETIEN

 

Une résidence dans le Marais, à la Cité internationale des arts, c'est comment ?

 

"C'est une belle expérience. Il est intéressant de vivre dans une communauté d'artistes et d'avoir en même temps sa propre autonomie.

On dispose d'un endroit vraiment approprié et agréable pour travailler, d'un espace pour expérimenter et faire des recherches. C'est un bel endroit pour se remettre en cause ou non et se recentrer.

Les journées sont partagées entre moments de calme et moments dynamiques. Lorsque l'on est en résidence, on est soutenu par une structure artistique et des personnes qui peuvent nous aider et nous accompagner dans différentes démarches liées à notre travail.

Cette résidence me permet de mettre en place des projets sur lesquels je travaille depuis un certain moment et que je développe ici. Je réalise ici des recherches et je découvre de nouvelles choses."

 

 

Vos projets actuels et futurs ?

 

"Celui qui peut défaire ce noeud connait le secret du dja

Dans le cadre de mon travail cette citation Akan fait énormément sens à mes yeux, dans mes créations mais aussi dans le processus même de mon travail.
 

Au sein de la Cité internationale des arts, j’approfondis mes recherches sur la créolisation et le syncrétisme. Actuellement, je réfléchis à partir d’œuvres de différents artistes, philosophes et chercheurs, j’interroge la vêture, en cherchant à donner à voir ce qui pourrait être de l'ordre du féminin en rapport ou non avec une contrainte. C'est exactement ce qui se passe dans la vie du quotidien. Mais dans mon travail je relie le féminin au masculin car je pense que dans l’existence les êtres sont reliés au cosmos, aux éléments, à la terre sur laquelle on marche, à l’air, l'oxygène que l'on respire, la faune et la flore qui nous entourent et qui contribuent à produire cet air que l'on respire plus ou moins sain selon l'endroit ou l'on se trouve... 

Depuis des années, je travaille avec des rouleaux de feuilles de métal que j'utilise en ruban, larges ou non et je les laisse s'étendre sur le sol de différentes manières et l'atelier de la Cité est un bel endroit pour continuer à expérimenter ce travail avec des matériaux différents. Sur certains rouleaux et à ma guise, je grave des poèmes, des textes sur ces supports métalliques qui peuvent être en cuivre, en laiton, en aluminium et je les dispose à ma façon ,pour créer une atmosphère particulière. Je suis assez secrète dans mes actes de création et ne les dévoile que lorsque c'est le bon moment."

 

 

 

BIOGRAPHIE

 

Marie-Claire Messouma Manlanbien est une artististe multidisciplinaire, diplômée d’un DNSEP de l’Ecole Nationale Supérieure de l’ENSAPC de Paris-Cergy. Son travail artistique s’inspire des cultures du monde : dans son travail, elle cherche à créer des rencontres entre les éléments de diverses cultures qu’elle fait ensuite cohabiter ensemble, tout en les dépassant par un syncrétisme qui les réunit. Elle s’intéresse aux rapports complexes entre la vie quotidienne, la culture populaire universelle et les pratiques traditionnelles spécifiques. Elle s’inspire d’une part des éléments de ses cultures française, créole guadeloupéenne mais également des objets traditionnels issus de l’institution matriarcale de Côte d’Ivoire qui servent a peser la valeurs des choses.

 

Dans ses installations, Marie-Claire Messouma Manlanbien crée des narrations poétiques éphémères en perpétuel renouvellement, créant ainsi des pièces « témoins » d’histoires passées.  Elle poursuit ses recherches dans le domaine du féminin. À travers ses installations, elle met en place des récits poétiques avec une myriade d’influences culturelles aboutissant à une « identité plurielle ». 

Elle se définit comme une conteuse de poèmes, fabricatrice de formes nouvelles : non comme démiurge, mais selon des procédures de créolisation jouant « à partir de 'zones'(...) différenciées, pour en tirer sa matière inédite ».

 

Marie-Claire Messouma Manlanbien a exposé son travail à Paris lors du 61e salon de Montrouge en 2016 sous le commissariat de Ami Barak et au Musée du Quai branly. Elle à également participé à des expositions à Londres, au Bénin, aux États Unis, à Berlin, en Irlande où elle a récemment exposé son travail lors de la 38e Biennale International EVA, sous le commissariat de Inti Guerrero.