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Lucie Postel

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ENTRETIEN

 

Dans le cadre de votre résidence à la cité internationale des arts, en partenariat avec la Fondation Culture & Diversité, vous avez bénéficié d’un accompagnement à la création par un commissaire membre de C-E-A / Association française des commissaires d'exposition. De quelle façon cet accompagnement s’est-il déroulé ? 

"L’accompagnement par un commissaire d’exposition C-E-A s’est très bien déroulé, j’ai été accompagnée par Alexandra Goullier Lhomme (interview à découvrir ci-dessous) avec qui nous avons non seulement travaillé autour des questions de l’exposition de septembre, mais également sur des méthodologies. Nous avons fait un tour complet sur mon travail, mes dossiers, portfolio, CV et texte de présentation. Nos échanges autour de ma pratique artistique, m’ont permis de clarifier certains points, de prendre du recul sur d’autres. C’était une rencontre très importante dans mon parcours, et j’en suis vraiment ravie.

Au cours de ces derniers mois, grâce aux différents dispositifs d’accompagnement mis en place, avec la fondation C&D, C-E-A et la Cité internationale des arts, je me suis réellement professionnalisée, j’ai l’impression d’avoir acquis des outils, qui me serviront par la suite dans mes prochaines résidences et mes prochaines expositions."

 

 

Avez-vous une anecdote ou un moment marquant de votre résidence à partager ? 

"Un des moments forts de cet accompagnement a été selon moi, le moment de l’ouverture de mon atelier, que nous avions intitulé « promenons-nous ». Ce fut un événement très intéressant, où j’ai pu partager le travail fourni durant ma résidence à la Cité internationale des arts. L’atelier ouvert a donné lieu à des échanges très enrichissants, avec Alexandra d’une part lors du montage de l’installation, mais également avec les visiteurs. C'était un moment important de la résidence, qui m'a permis d’avoir un aperçu de ce que pourra donner l’exposition de septembre."

 

 

Vous inaugurerez une exposition à la Cité internationale des arts en septembre 2022 à l’occasion du festival des Traversées du Marais. Comment ce projet s’est-il développé dans le cadre de votre résidence ?

"Dans un premier temps, j’ai commencé par expérimenter pleins de choses, j'ai travaillé sur différents projets et techniques en même temps. J’ai par exemple travaillé sur plusieurs peintures sur bois représentant des saynètes peintes à l’huile, en tissant des liens narratifs entre chaque peinture pour créer une fiction. Je me suis également lancé dans la production de deux grands formats sur tissu libre, d’un parquet imprimé sur du papier kraft en linogravure et d’une vidéo d’animation.

Tous ces éléments ont été travaillés de façon simultanée. J’ai fait des allers-retours, en sautant de pratique en pratique et de projet en projet (ce qui fait partie intégrante de mon processus créatif et qui m’aide à créer un ensemble de pièces cohérentes).

 

Après cette phase d’expérimentation, nous avons beaucoup échangé avec Alexandra autour de mon travail, ce qui m'a aidé à affirmer certains choix. Nous avons ensuite, pour ma participation à la soirée Ateliers ouverts, travaillé l’installation des pièces dans l’espace, ce qui m’a permis de me projeter pour l’exposition de septembre et de faire le point sur les éléments à ajouter, et à améliorer."

 

 

BIOGRAPHIE

 

Après une première année de classe préparatoire aux Ateliers d'arts plastiques d'Evry, Lucie Postel intègre l’École nationale supérieure d'art - Villa Arson, dont elle sort diplômée en 2020. Elle vit et travaille désormais en région parisienne depuis 2021.

Durant ses années d'étude, elle a eu l’occasion de développer un travail plastique composé de plusieurs techniques. La peinture (sur bois ou sur toile) est le cœur de sa pratique. Elle lui permet de dérouler une trame narrative inspirée de l’univers des contes. En résulte des séries de peintures surréalistes qui explorent divers questionnements autour de l’intime, de la maison comme refuge, mais aussi comme lieu troublant. À travers ses peintures, Lucie Postel crée des mondes où les intérieurs et les extérieurs se mélangent, et où le réel et l’imaginaire se confondent.

Son travail vidéo, ou images animées, lui permet quant à lui de mettre en mouvement ses saynètes figées. En effet, les peintures de Lucie Postel sont la matière première de ses vidéos, elle en extirpe des paysages et personnages qu’elle anime afin de développer la trame narrative des saynètes.

En parallèle, elle travaille également la linogravure qui lui permet de créer des motifs qu’elle peut ensuite imprimer en série pour en faire un papier peint, un sol ou une tenture dans le but de créer des installations immersives et de transformer les espaces d’exposition en espace de l’intime.

 

Entretien avec Alexandra Goullier Lhomme

 

Vous êtes membre de C-E-A / Association française des commissaires d'exposition, comment avez-vous été menée à accompagner Lucie Postel pendant sa résidence ? 

"Dans le cadre du partenariat entre la Cité internationale des arts et Fondation Culture & Diversité, C-E-A a lancé un appel à candidatures pour accompagner Lucie Postel pendant les quatre mois de sa résidence. J'ai donc tout simplement répondu à cet appel à candidature diffusé à travers la newsletter de C-E-A.

Cet appel me semblait très intéressant sur deux points. D’un point de vue méthodologique d’abord, C-E-A avait décidé de publier cet appel à candidatures tout en transparence. Le portfolio de l’artiste que l’on devait accompagner était joint à l’appel et permettait ainsi de comprendre rapidement à quel profil on aurait à faire. D’un point de vue plus global, cette mission m’intéressait car l’accompagnement des artistes émergeant est vraiment ce qui me nourrit dans mon métier."

 

 

Par quoi cet accompagnement s’est-il traduit ?

"L’accompagnement s’est traduit par une série de rendez-vous avec l’artiste dans un rapport horizontal et sans jugement aucun. Chaque rendez-vous était l’occasion d’échanger avec Lucie Postel au sujet de son travail, de mettre en place des exercices plus concrets (réaliser un portfolio, un CV, un budget, une postulation, une visite d’atelier, etc.), de partager nos expériences et ressentis vis-à-vis du monde de l’art et surtout de prévoir ce qu’il serait éventuellement nécessaire d’aborder la fois suivante.

Je pense que cet accompagnement s’est beaucoup basé sur l’écoute des besoins formulés par l’artiste. L’attente principale de Lucie était de développer un discours plus construit sur son travail et au final c’est quelque chose qui est venue de manière très spontanée à force d’échange. En tournant autour d’exercices plus concrets et factuels, qui ne sont que trop rarement abordés dans les écoles d’art, cela a finalement permis à Lucie de prendre confiance en elle et de développer un vrai discours autour de son travail. Je vois cet accompagnement comme une béquille qui permet de consolider les endroits encore un peu trop fragiles, afin de se professionnaliser d’une part, mais surtout pour avoir la force de s’imposer dans un milieu pas toujours facile."

 

 

Quels sont selon vous les avantages de ce dispositif d’accompagnement proposé dans de le cadre du programme de résidences "Cité internationale des arts x Fondation Culture & Diversité" ?

"Je pense que l’atout principal de cet accompagnement est le luxe de pouvoir prendre du temps. Le temps d’échanger, de se connaître mutuellement, le temps de douter, d’essayer et de rater, d’un côté comme de l’autre.

Dans le cadre de cet accompagnement, un accrochage devait voir le jour. Avec Lucie, nous avons décidé conjointement de voir cet événement comme un exercice où le cheminement, les réflexions, les tentatives étaient plus importantes que le résultat. Nous avons donc tenté des choses dans son atelier pendant plusieurs jours, et cet exercice nous a véritablement appris tant l’une sur l’autre que sur les différents modes d’accrochage possible dans le travail de Lucie Postel.

Je pense que cet accompagnement est avant tout un accompagnement humain et qu'il est important de noter que l'apprentissage se fait dans les deux sens."

 

BIOGRAPHIE

 

Alexandra Goullier Lhomme est commissaire d’exposition indépendante. Ses recherches curatoriales portent sur la porosité des frontières, qu’elles soient d’ordre géographique, social, temporel ou langagier. Défaire toute notion de catégorie et questionner toute définition, sont les outils qui bordent sa pratique. Ces réflexions l’ont notamment amenée à s’intéresser particulièrement au médium de la performance dans sa capacité à naviguer entre les arts et à glisser entre les catégories – toujours en mouvement. Toute sa pratique est cependant ancrée dans un champ poétique et politique où la pluralité des visions, des voix et des médiums est centrale. 

 

Diplômée d’un master en Arts plastiques et Sciences de l’Art (Paris 1 – Panthéon-Sorbonne / New York University) et d’un master professionnel en commissariat d’exposition (Sorbonne – Paris 4), Alexandra Goullier Lhomme a travaillé comme commissaire d’exposition indépendante, assistante curatoriale, chargée de production et assistante d’artiste à New York, Londres et Paris. En tant qu’assistante curatoriale, elle a notamment travaillé pour le programme d’art contemporain du château de Versailles (2018-2019) et au Palais de Tokyo (2017 - 2018). Plus récemment (2021), elle fut chargée de recherches pour le laboratoire espace cerveau de l’IAC – Institut d’art contemporain de Villeurbanne/Rhône-Alpes. Parmi ses projets indépendants on compte notamment Nourrir le terreau, Villa Belleville (Paris, 2022) ; Date(s), une exposition postée (2021) ; Tongue on tongue, nos salives dans ton oreille, Galerie Allen, Cité Internationale des arts - Site de Montmartre, KADIST & espaces publics (Paris, 2019) ; Nos ombres devant nous, Fondation d’Entreprise Ricard (Paris, 2017).

 

Co-directrice de Liquid Ground // Swapping Tongues, une initiative curatoriale ayant pour ambition de promouvoir les arts éphémères et publier des écrits d’artistes, Alexandra Goullier Lhomme est également co-commissaire de la saison 2023-2024 de Orange Rouge et membre active de curatorial hotline (https://curatorialhotline.art/), un collectif qui propose des e-rendez-vous de conseils individualisés aux artistes dans un rapport horizontal et solidaire. De 2018 à 2020, elle fut co-directrice de prologue, un collectif curatorial soutenant les arts performatifs.

 

 

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