arts visuels

Grégory Chatonsky

ENTRETIEN

 

Une résidence à Montmartre, à la Cité internationale des arts, c'est comment ?

 

"Le soir, parfois, je regarde par ma fenêtre et j'aperçois les lumières allumées dans les autres ateliers. Il peut être minuit, deux heures, parfois quatre. Les résidents s'affairent pendant que  les autres dorment. Il y a une émotion très particulière à sentir cette proximité nocturne, ces vies qui sont aussi des actes et des oeuvres qui se font. En regardant par la fenêtre, j'ai l'impression d'observer un ilot, un peu comme James Stewart dans Fenêtre sur cour qui regarde toutes les histoires possibles dans ce petit coin de la ville.


A la Cité, on est dans la ville et hors de la ville. On croise les autres résidents, on discute des projets, des expositions à venir. On parle aussi souvent de la Cité elle-même, de la manière dont il faudrait habiter là, ensemble, du recyclage et du compost qu'il faudrait enfin installer, de nos cabanes.


Je me demande ce que serait une ville sans ce type d'insularités."

 

 

Quels sont vos projets en cours ?

 

"Je prépare une installation nommée Terre Seconde sur l'intelligence artificelle et l'extinction au Palais de Tokyo dans le cadre des Audi Talents qui ouvrira le 20 juin.

Je travaille également au déploiement dans le Grand Paris et à l'échelle architecturale de L'augmentation des villes en collaboration avec le designer Goliath Dyèvre et avec l'aide d'Icade.

Je suis en train de développer avec Ruedi Baur dans le cadre d'une recherche à l'ENSAD, une installation de réalité virtuelle.

Puis d'autres projets, sans doute à New York, Gijón, Bruxelles, Taiwan.  
 

J'écris aussi un livre entre théorie et fiction sur l'imagination artificielle qui viendra clôturer ma recherche à l'Ecole Normale Supérieure de Paris."

 

 

 

BIOGRAPHIE

 

Après des études d’arts plastiques et de philosophie à la Sorbonne, puis de multimédia à l’ENSBA, Grégory Chatonsky a développé un travail autour d’Internet.

 

Les technologies, et en particulier Internet, constituent pour Grégory Chatonsky une source importante de réflexion. Mettre en forme les paradoxes du réseau et les décalages entre ses flux technologiques et existentiels pourrait résumer une recherche qui se déploie sur plusieurs médiums : installation, vidéo, photographie, écriture, dessin et sculpture. Ses œuvres semblent évoquer des espaces infinis dans lesquels règne la fragmentation de l’attention. Le réseau devient un monde à part entière où les frontières entre la technique et l’être humain deviennent floues. Sa pratique tente de dessiner les contours d’un nouvel imaginaire dont l’invention serait technique et qui pourrait aller jusqu’à l’extinction de l’espèce humaine.

 

 

Grégory Chatonsky a fondé en 1994 "Incident.net", l’un des premiers collectifs de Netart en France. Il a été professeur-invité au Fresnoy (2004-2005), à l’UQAM (2007-2014), est récipiendaire d’une chaire internationale de recherche à l’Université de Paris VIII (2015). Il est depuis 2017 artiste-chercheur à l’ENS Ulm et co-dirige avec Béatrice Joyeux-Purnel un séminaire de recherche sur l’imagination artificielle et l’esthétique postdigitale.

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