sculpture

Charlotte Delval

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ENTRETIEN

 

Diplômée de l’ESAM Caen/Cherbourg en 2019, comment votre pratique a-t-elle évolué depuis lors et que vous a apporté votre résidence à la Cité internationale des arts ?

"La sortie de l’école est une période tout aussi difficile qu’excitante, j’ai eu la chance de pouvoir vivre quelques mois à la Cité internationale des arts, seulement trois ans après mon diplôme. Lorsque j’ai atterri au cœur du Marais dans cet endroit incroyable qu’est la Cité, j’étais très enthousiaste à l’idée d’arpenter la ville et de découvrir de nouvelles choses. J’avais depuis trois ans de post-diplôme, compris le besoin et la place importante que prend la pratique artistique dans ma perception quotidienne. La Cité, proche de nombreux lieux de ressources, m'a offert un temps de réflexion et d’observation très intense. Ma pratique de sculpture et de dessin s’est affirmée encore plus sensuelle et fragile. L’impact du temps, la vieillesse qui nous ronge m’intéresse, j’aime confronter cette friabilité avec les bijoux, bien souvent plus clinquants que précieux, signe de désir dominé ou dominant. La Cité m’a apporté rencontres, divagations et espace de travail dans lequel j’ai confirmé cette recherche plastique mêlé à ma pratique de l’écriture. J’ai pu rencontrer des critiques, auteur.trice.s, commissaires et discuter de cette hybridation texte sculpture."

 

 

En avril 2022, vous avez participé à l’exposition collective Weirdo Rainbow à l’espace DOC. Dans quelle mesure votre expérience en résidence à la Cité internationale des arts a-t-elle nourri votre participation à cette exposition ?

"Paris est un endroit de rencontres incroyables, la Cité internationale des arts m’a permis d’avoir un atelier-logement au sein de ce foisonnement artistique. J’ai partagé beaucoup de temps et de réflexions lors des Ateliers ouverts, des vernissages et de fêtes dans d’autres lieux alternatifs avec d’autres artistes dont Audrey Aumegeas et Loïc Leclercq, qui sont deux artistes résident.e.s à DOC.

De ces réflexions, nous avons construit avec deux autres artistes, Marine Coullard et Vincent Girard, une exposition collective pensée, montée, rédigée, par des jeunes plasticien.ne.s. Nous avons, avec une certaine mélancolie parfois, voulu penser la cohabitation, la fugacité de l’apparition et la fragilité de nos projections. D’une certaine manière, cela évoque tout autant la difficulté que l’on rencontre en tant que jeune artiste que de cette volonté incroyable de partager des choses humaines et artistiques. Sans cette chance de se retrouver ensemble, dans un même endroit, nous aurions expérimenté les choses différemment."

 

 

Dans le cadre de votre résidence à la Cité internationale des arts, vous avez eu l’occasion de participer aux Ateliers ouverts : pratiques ralenties et d’ouvrir les portes de votre atelier-logement au public, que vous a apporté cette expérience ?

"J’ai ouvert mon atelier le mercredi 23 février 2022, j’ai pu alors montrer des sculptures en cours et des dessins. La discussion avec des personnalités très différentes a été enrichissante et a permis de confirmer certains choix. Montrer un travail en cours dans mon atelier a permis par la suite de penser mes sculptures de manière plus radicale. Le fourmillement de la recherche lors de l’ouverture de l’atelier permet d’affirmer les désirs que peuvent contenir certaines formes en cours de gestation. Ces légers décalages que l’on remarque seulement lorsqu’ils sortent du contexte quotidien de l’atelier.

Au-delà, de l’opportunité extraordinaire d’inviter des personnes importantes pour moi et de discuter du travail, c’est aussi un exercice de distanciation et d’affirmation dans ma recherche qui a tendance, pour ma part, à être très boulimique. J’ai par exemple, montrer une pièce en ouate ornée d’épingles à nourrices lors de l’atelier ouvert. Cette œuvre a finalement trouvé son poids lors de l’exposition collective Weirdo Rainbow à DOC. Sans cette étape d’ouverture d’atelier Hermine, aurait été différente."

 

 

BIOGRAPHIE

 

Née à Roubaix en 1996, Charlotte Delval a débuté son cursus en école d’art avec une option communication à Cambrai avant de finir félicitée en option Art à l’École Supérieure d’Arts et Médias de Caen/Cherbourg en 2019. Ce point d’ancrage constitue l’essence de son travail, un tissage entre la littérature et les arts plastiques.

En résidence au Confort Moderne de Poitiers cinq mois, son travail mêlant érotisme, sécrétions et formes sculpturales, prend forme dans une exposition collective À tous ces cadavres conservant l’apparence de la vie. Les notions de temps, de vieillissement et d’une certaine lenteur contaminent ses formes les contraignant à une douce violence érotique induite par les sécrétions, odeurs et autres sensations haptiques qui se diffusent dans l’air tel un cri désespérément étouffé.

Le travail de Charlotte Delval révèle un univers résilient, constamment contraint par le corps et cherchant à s’échapper pour venir mourir, et par la même, féconder de nouveaux espace-temps.  

Arpès cette expérience, ses recherches et création continuent et sont notamment présentée à l'occasion d'une première exposition personnelle aux Bains-Douches à Alençon, en 2021 Let’s twist Again accompagné d’un texte auto-édité.

En 2022, elle est en résidence à la Cité internationale des arts pendant cinq mois où elle prend part à plusieurs expositions collectives. Aujourd’hui, elle est basée à Rennes, où elle participe à la formation professionnelle GENERATOR, 40mcube. 

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