L’exposition présente plus de 60 œuvres (choix de peintures, dessins, graphiques, films et poésies) de cette figure importante de l’art visuel, de la littérature et de la cinématographie croate. Les œuvres sont empruntés à une collection privée, pour la plupart présentées pour la première fois en France. L’exposition est accompagnée d’un enregistrement audiovisuel et d’un catalogue (sous le commissariat de Jerica Ziherl).
Né à Zagreb en 1923, Vlado Kristl commence sa carrière dans les années 1950. Avec les artistes du Groupe EXAT 51, il est l’un des pionniers de l’abstraction géométrique, en opposition au réalisme socialiste qui domine alors dans l’art de l’espace culturel yougoslave.
Par la suite, il peint dans l’esprit de l’art informel, publie des livres de poésie et devient membre de l’Ecole du film d’animation de Zagreb, où il réalise plusieurs films d’animation anthologiques. Le grand succès de son film Don Quichote lui apporte une notoriété mondiale. Suite à la censure de son court-métrage Le Général et l’homme véritable et voyant son art incompris, Vlado Kristl, refusant tout compromis, quitte la Yougoslavie en 1963 pour s’installer en Allemagne (Munich, Hambourg) et en France (Fanjeaux).
En Allemagne, il est considéré comme un génie du Nouveau cinéma allemand et son œuvre compte plus d’une trentaine de films expérimentaux, dont des court et long-métrages et des films d’animation. Il est admiré dans des milieux du cinéma et dans certains cercles anarchistes, mais aussi adoré par ses étudiants à l’Ecole supérieure d’arts visuels (HFBK) à Hambourg où il enseigne de 1979 à 1996. Il écrit de la prose et de la poésie en allemand et il publie en autoédition et chez quelques éditeurs fidèles.
A partir de 1965, il retourne au dessin et à la peinture, et réalise obstinément et avec permanence des huiles sur toile, presque jusqu’à la fin de sa vie. D’apparence classique et figurative, les peintures de Kristl se distinguent pourtant de toute représentation formellement reconnaissable, il peint sans la moindre ambition marchande et sans chercher de promotion, au contraire : par son expression inconditionnelle et très personnelle, il refuse toute appartenance collective.
L’écriture et la peinture deviennent ses moyens de communication prioritaires. Ses œuvres trouvent leur force dans son regard critique, marquées par la langue caractéristique de Vlado Kristl : à la fois classique et d’avant-garde, intrigante et provoquante, lucide et humoristique, libre et introvertie.
Il décède à Munich en 2004. Il laisse en héritage une peinture riche, complexe et controversée, aujourd’hui dispersée à plusieurs endroits de l’Europe, qui n’a été montrée et valorisée que partiellement jusqu’à présent.