exposition

Baptiste Brossard, Océane Bruel & Maha Yammine

Almanach des aléas

du 08 au 13 juillet 2019

Fondation d'entreprise Ricard

La Fondation d’entreprise Ricard accueille une exposition collective du 8 au 13 juillet 2019 avec les artistes Romain Blanck, Romain Bobichon, Baptiste Brossard, Océane Bruel, Lou Masduraud, Léa Mercier, Maïté Marra, Jean-Baptiste Perret, Sophie T. Lvoff, Gaspar Willmann, Garance Wullschleger, Maha Yammine. Intitulée l'Almanach des aléas, cette exposition est organisée par le groupe de curatrices milo : Luce Coquerelle-Giorgi, Lou Ferrand, Beatriz Forti, Julia Henry, Léa Hodencq, Sophie Holmlund, Marina James-Appel, Liza Maignan, Pamela Medina López, Alessia Pascarella, Katia Porro et Yundi Wang.

 

 

 

Sur une table de chevet traîne un livre ouvert, c’est Ulysse (1922) de James Joyce.

 

Dans cette réécriture de l’Odyssée, Ithaque devient le Dublin du début du XXe siècle et l’ouvrage condense les dix années de pérégrinations du héros en vingt-quatre heures ordinaires. Mêlant l’observation au souvenir, dans un enchevêtrement de temporalités et de perspectives, ce livre-monde qui ne cesse d’inspirer la création contemporaine, peut se lire comme des miscellanées, intégrant tour à tour des genres littéraires variés au sein d’un même récit : monologue intérieur, didascalies, langage musical…

 

Tout ce qu’il y avait d’épique dans l’œuvre homérique semble avoir laissé place à une aporie. Il ne s’agit plus de créer d’œuvre ou de mythe fondateur : Ulysse met à mal la fonction autoritaire et auctoriale de l’écrivain et réinscrit le mythologique au sein de l’ordinaire. Ce récit, profondément polyphonique, exprime une volonté de créer à plusieurs voix, sans hiérarchie de genres, de formes ou de sujets (fait inédit, l’ouvrage compte presque une vingtaine d’éditeurs, d’éditrices et d’exégètes).

 

Dehors, les places publiques et les ronds-points portent pourtant encore les traces de dialogues manqués et de voix non considérées. Depuis des mois, voire des années, on a vu en effet des nébuleuses se former, des anonymes renouveler les cartographies sociales, faire perdurer des mouvements au-delà des calendriers habituels et occuper la sphère politique en des points multiples de l’espace et du temps, parvenant à échapper aux tentatives de réification du discours d’une manière inédite.

 

Les prises de parole ont changé de modalités et impliquent de nouvelles formes d’écoute et d’attention. Si la littérature moderne s’est ainsi faite le relais des batailles quotidiennes plutôt que des grandes épopées de l’histoire, force est pourtant de constater que l’ordinaire peut encore rester lettre morte. Quelle attention peut-on alors porter aujourd’hui à ce qui semble le moins nous appartenir ? Comment les artistes s’emparent-ils de ce qui apparaît si insignifiant ? De par leur caractère pluriels, les nouveaux assauts contre l’uniformisation des discours prennent constamment le risque de leur propre dispersion et se délitent parfois jusqu’à s’abîmer. La fragilité qu’ils portent ravivent alors un besoin pressant, dont cette exposition aimerait se faire l’écho : celui d’exercer nos sens, nos corps et nos esprits à la polyphonie.

 

Les douze artistes de cette exposition présentent des œuvres qui sont donc autant de prismes à travers lesquels appréhender une contemporanéité plurielle. Sans faire autorité sur les oeuvres, les douze curatrices – réunies sous un acronyme instable, milo – , ont voulu créer un espace où le banal côtoie sa transfiguration.

 

De l’espace d’exposition, voué par nature à l’inhabituel, elles bouleversent les usages et la temporalité, à l’image des pratiques et des rencontres qui y sont rassemblées. Alors que certaines installations occupent durablement l’espace, d’autres interventions viennent l’activer, marquant des rendez-vous singuliers dans le défilement des jours : performances, conversations, lectures, instants de confrontation, de réflexion et de fête. L’exposition tend aussi bien à interrompre la quiétude du lieu qu’à en intensifier l’expérience.

 

aujourd’hui est comme hier mais sera différent de demain

 

Dans un contexte où les images qui nous entourent relèvent soit d’une culture médiatique du choc et de la rupture, soit d’une tendance courante à ériger des non-évènements au statut d’information, le lent déroulement des jours peine à trouver des représentations qui échappent aux stéréotypes. À rebours de ces tendances actuelles, les artistes réuni·es ici nous montrent au contraire à travers différents médiums l’importance, la densité et la fragilité de ce qui se joue à son échelle. Jour après jour, dans sa répétition, le quotidien se révèle alors comme le temps des innombrables micro-arrangements négociés par chacun·e, au long cours, avec l’environnement culturel et naturel dans lequel il ou elle s’inscrit. Pour peu qu’on accepte de lui prêter attention, il témoigne alors d’un vaste champ d’exploration dont s’emparent les artistes.

 

 

 

Maha Yammine (Liban) est lauréate des commissions Arts Visuels de la Cité internationale des arts.

Baptiste Brossard (France) est en résidence à la Cité internationale des arts via le programme de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon.

Océane Bruel (France) est en résidence à la Cité internationale des arts via le programme de la Fondation finlandaise de la Cité des Arts de Paris.

informations pratiques

Informations pratiques et horaires sur le site internet de la Fondation d'entreprise Ricard.