« 2147, et si l’Afrique disparaissait ? Esquisse d’une réflexion sur la pensée extra-occidentale : du politique au poétique par la scène. »
Moïse Touré crée la Compagnie Les Inachevés, de 1984 à 1988, à Grenoble, dans le quartier de la Villeneuve. Voyageur, rassembleur, il multiplie les collaborations artistiques à travers le monde (Mali, Madagascar, Brésil, Bolivie, Caraïbes, Japon, Etats-Unis...). Il sera notamment artiste associé à la scène nationale de Guadeloupe où il créera les bases d'un répertoire dramatique en langue créole, et à Bonlieu Scène Nationale d’Annecy. En 2012, il crée l’Académie des savoirs et des pratiques artistiques partagées (intergénérationnelles) avec, pour premier acte fondateur, la mise en œuvre du projet Trilogie pour un dialogue des continents : Europe (France) / Afrique (Burkina Faso) / Asie (Vietnam). Parmi ses plus récentes expériences et créations : la Minute de silence (2003-2007) de Claude-Henri Buffard autour de la question de la mémoire ; Paysage après la pluie II (2005) au Théâtre de l'Odéon ; Pawana (2009) de JMG Le Clézio à Sao Paulo en collaboration avec Georges Lavaudant dont il est devenu, depuis, le collaborateur artistique; de 2009 à 2011, quatre pièces de Bernard Koltès (La Nuit juste avant les forêts, Tabataba, Quai Ouest, Dans la solitude des champs de coton) à Annecy, Grenoble, Paris, au Mali, au Burkina-Faso au Brésil, en Bolivie, au Japon ; de 2011 à 2014, une trilogie Duras sur trois continents ; en 2016, « Utopies urbaines – citoyen acteur », un dispositif artistique déployé sur deux ans autour de Grenoble. En 2017, il clôt le programme Promesse Factory mené sur plusieurs mois avec des femmes en collaboration avec Bonlieu, scène nationale d'Annecy, et a créé en 2018 le second volet de 2147, l'Afrique (2007) intitulé 2147, et si l'Afrique disparaissait, avec des danseurs, acteurs et musiciens africains, en collaboration avec le chorégraphe Jean-Claude Gallotta et la chanteuse Rokia Traoré.
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Ce séminaire propose de réfléchir aux rôles moteurs des formes, des pratiques et des savoirs artistiques dans l’élaboration et dans la circulation de structures, mouvements, idéologies et imaginaires politiques sur le continent africain et dans ses diasporas. Nos travaux porteront sur les arts visuels et performatifs au sens large du terme (danse, théâtre, arts plastiques, photographie, cinéma, musique, littérature, arts numériques…) et s’inscriront dans une démarche à la fois critique et transdisciplinaire. Anthropologie, histoire, histoire de l’art, sciences politiques, cultures visuelle et matérielle, études coloniales, postcoloniales, décoloniales et diasporiques de l’Afrique… se côtoieront et se questionneront mutuellement. Les séances s’articuleront autour de présentations de chercheurs et/ou de praticiens – artistes, acteurs culturels, activistes. Divers et reflétant une large palette de points de vue, les travaux et les approches présentés auront en commun de prendre acte du fait que travailler (sur) les intersections entre art et politique suppose un engagement au fondement duquel la réflexion et la théorisation sont de mise.
Thématique du cycle 2018-2019 : Afriques futures
Futur ou, mieux, futurs. Futurs de villes, d’écologies, de constructions des genres ; futurs des techniques et des sciences ; de la violence – politique, économique, sociale ; de l’espoir ; des notions mêmes de futur… Penser, dire, donner corps à ces futurs et à d’autres, connexes, depuis les Afriques : telles sont les tâches que se fixent à travers leurs pratiques et leur réflexions les plasticien.ne.s, cinéastes, performeur.e.s et écrivain.e.s, les philosophes et chercheur.e.s, les commissaires et activistes culturel.le.s qui interviendront dans le séminaire en 2018-2019. Engagées, indociles, voire radicales, les propositions qu’elles.ils développent mettent à mal aprioris et doxas.