Dialogues Afriques #7

Par sa démarche artistique, le travail de Lerato Shadi (Afrique du Sud) remet en question de nombreux présupposés afin de critiquer la notion occidentale d'Histoire et, ce faisant, rendre visible ce qui a été occulté ou ignoré. Via la vidéo, la performance et l’installation, et souvent au moyen de processus répétitifs, l’artiste montre l’importance non seulement d’inclure le corps marginalisé, mais aussi et surtout de lui donner une place centrale, de le positionner au cœur de l'expérience narrative. En se donnant à elle-même une place de premier plan dans son travail, elle prend à bras le corps les politiques d'effacement culturel et d’exclusion structurelle qui caractérisent la fabrique de l’Histoire.

"Il me semble important, dit-elle, de me/nous confronter à ma/notre responsabilité : ne pas lutter pour un récit historique plus inclusif et plus juste c’est être complice de la violence qu’opère l’effacement. Accepter, par paresse ou par aveuglement, un récit historique erroné revient à le cautionner, à avaliser une version de l’Histoire fausse, imposée par ceux qui en ont les moyens."

Chercheure en histoire de l’art contemporain et artiste plasticienne, Katja Gentric est associée au Laboratoire Interdisciplinaire de Recherches "Sociétés, Sensibilités, Soin" (LIR3S ; UMR 7366 – CNRS uB) et à l’Institut des Mondes Africains (IMAF; UMR 8171 - UMR 243 IRD). Elle enseigne l’anglais à l’ESADHaR et à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Après un projet postdoctoral à l’University of the Free State (Afrique du Sud) sur les pratiques artistiques convoquant la parole écrite ou orale elle pose la question de l’impossibilité de langage et l’obligation de parole dans la recherche par l’art – soutenu par le Günther Uecker Institut (Allemagne) et l’University of the Western Cape (Afrique du Sud) pour le projet Günther Uecker – Blickwinkel ‘South’.