composition

Youmna Saba

ENTRETIEN

 

Pouvez-vous nous revenir, en quelques mots, sur votre parcours avant d'être en résidence à la Cité internationale des arts ?

 

"Je suis musicienne et compositrice libanaise. J’ai commencé ma carrière dans la musique il y a presque 15 ans maintenant ! Depuis je travaille sur des projets divers en solo et en collaboration.

Faisant partie de la scène musicale alternative beyrouthine, j’ai développé mon langage musical m’inspirant de la ville et de ces musicien.ne.s et artistes qui ne cessent de pousser les limites de l’expression artistique et de la remettre en question. J’ai aussi beaucoup appris des musicien.ne.s que j’ai rencontrés durant mes voyages et résidences un peu partout dans le monde (Corée du Sud, États Unis, Maroc, Espagne, France…).

En parallèle, j’ai fait un master en musicologie. Je suis arrivée à la Cité internationale des arts avec un projet de recherche qui servira de base pour mes nouvelles compositions. J’essaie à travers ce projet de dresser des parallèles entre le système musical arabe et la musique électronique et de comprendre le rôle de la technologie dans la composition actuelle."

 

 

Vous avez été sélectionnée par les commissions de la Cité internationale des arts, quelle est l’importance d’une résidence artistique à Paris pour votre carrière/parcours ? 

 

"J’ai postulé à une résidence à la Cité internationale des arts suite à un besoin de me retrouver dans un cadre où je pourrais me concentrer intégralement sur la recherche et la composition. Il est très important de pouvoir travailler seule mais aussi d’avoir la possibilité d’échanger avec des artistes de disciplines et d’expériences différentes. Cet équilibre entre introspection et échanges est essentiel au développement de ma pratique et de ma façon de penser les choses.

Également, être au centre de Paris et explorer la ville et toutes ses dimensions et richesses – surtout en tout ce qui concerne recherches en musiques électroniques/électro-acoustiques et technologie, les rencontres avec musicien.ne.s de pratiques différentes, et les manifestations artistiques – ont été une source primordiale dans l’évolution de mon projet actuel.

Je suis venue ici grâce au support de l’association Mophradat et en collaboration avec Césaré CNCM, Reims."

 

 

Quels changements et évolutions sont à noter dans votre travail grâce à la résidence à la Cité internationale des arts ?

 

"Il est encore tôt pour noter tous les changements et évolutions dans mon travail, mais une phase importante de mon projet a été la conception et le développement d’un dispositif pour mon instrument, le oud, qui lui donne une nouvelle dimension électronique. J’ai imaginé ce nouvel outil de travail, que j’ai développé à Césaré avec Nicolas Canot, grâce à ma recherche toujours en cours sur l’esthétique de la musique arabe et les nouvelles possibilités technologiques et électroniques. Il va sans dire que ma façon de penser la composition et l’interprétation a évolué vers un nouvel univers que j’explore en ce moment.

Aussi, j’ai eu la chance de faire des nouvelles rencontres très enrichissantes avec des musicien.ne.s basé.e.s sur Paris, et en France (être au bon endroit au bon moment), avec parfois la naissance de nouvelles créations collaboratives, comme Terra Incognita 1, avec Kamilya Jubran et Floy Krouchi. Ces rencontres ont été essentielles dans l’évolution de mon langage musical et dans ma façon de penser la composition à plusieurs, l’expression et l’interprétation. Elles m’ont surtout marquées au niveau humain."

 

 

Jalila, a song for a poetess - live at Metro.
Filmé par : Lujain Jo / Son par : Fadi Tabbal / Ecriture et interprétation : Youmna Saba

 

 

 

 

BIOGRAPHIE

 

Musicienne et auteur-compositeur, Youmna Saba a démarré sa carrière musicale en 2006, et a sorti quatre albums jusqu’à ce jour (Min Aafesh el Beit en 2008, Hal Bint Aabalha Tghanni en 2011, Njoum en 2014 et Arb’een(40) en 2017)

Ses travaux traitent des relations entre l’écriture des chansons et la narrativité, employant des éléments de la musique arabe, mêlés à des traitements électroniques. Elle prépare en ce moment un nouveau projet Taïma’ (soutenu par l’association Mophradat), une recherche entamée début 2019, qui traite des relations entre la musique électronique et l’art de la qasida (interprétation vocale musicale improvisée d’un texte en arabe classique).

Youmna Saba a collaboré avec plusieurs musiciens, notamment Mike Cooper, Jean-Marc Montera, Kyungso Park et Nadine Shah, et a participé à plusieurs résidences d’artistes telles que Hwaeom Spiritual Music Residency (Coré du Sud, 2017), Sound Development City (Espagne, Maroc, 2016), Gyeonggi Creation Center (Coré du Sud, 2013) et OneBeat (Etats Unis, 2012). Elle fait également partie de deux projets de créations Sodassi (Paris, 2018 et 2019) et Menura (Liban/Suisse, 2018 et 2019).

Youmna Saba est titulaire d’un DEA en musicologie (2014), de l’université Antonine, à Baabda, Liban. Son mémoire expose le parallélisme entre l’art visuel et la musique dans le cadre des arts traditionnels arabes.

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