arts plastiques

Romuald Jandolo

"Artiste des déplacements, Romuald Jandolo livre une vision discontinuiste du monde et de ses oripeaux, au travers d’installations, sculptures, photographies, vidéos, dessins. Une approche nourrie de cultes, superstitions et mythologies confère à son travail, comme fardé sous un voile de Madone, l’ambiguïté d’une parade qui jouerait dans une église. Ces « situations de cirque » - versant populaire des formes d’Art total 1-, caractérisées par la multiplicité des supports de représentation et « l’indéterminé au sein de l’action », désignent avec justesse une pratique en recherche permanente d’équilibre dans le foisonnement et d’hétérogénéité dans les références.

 

Les installations de l’artiste forment ainsi des paysages à l’emprise immédiate, dont l’on comprend après coup les enjeux. Scalps blancs (Scalps, 2013), thorax rougi (Thorax, 2017), ex-voto d’estomac (Avant que l’ombre ne passe, 2015), sous-vêtements féminins en couvertures de survie, pendus précaires au-dessus des ors de la République du Conseil Constitutionnel (L’arbre qui cache la forêt, 2016), constituent un vocabulaire empreint d’ambivalence, entre formes vernaculaires, couleurs criardes, préciosité humide des céramiques, chatoiement des dorures, impudeur des sujets. Festin (2012) est le « tableau-piège » d’une scène de salle à manger ou de chambre : instruments dorés de ripailles et d’onanisme déposés sur du quartz noir comme en un vivarium. Les rites exhibés de la sorte, prières ou fêtes, assignent des gures symboliques de femmes - Madones ou Marianne - et des communautés à la célébration de la vie en présence de la mort sous son masque de clown ou de singe (Le zoumia, 2017).

 

Sans frontière entre sphère intime et espace partagé, de la chambre à la scène, le travail de Romuald Jandolo admet tout comme représentable, puisque tout se côtoie, dans une pratique de fragments assemblés où les œuvres valent pour elles-mêmes ou au sein de dispositifs catalyseurs de pulsions d’amour et de mort."

 

 

Audrey Teichmann, 

critique et commissaire d’exposition, 2018.

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