Par sa pratique de la vidéo, de l’installation et de la peinture, Gaspar Willmann s’empare d’objets, de formes et d’images quotidiennes, mobilise des représentations et des comportements collectifs pour en interroger la circulation et les enjeux dans le contexte d’une société technocratique qui agit sur les affects.
Pendant cette soirée intitulée Housekeeping standards, Gaspar Willmann présentera trois films. La projection sera suivie d’une conversation entre l’artiste et l’écrivaine, la traductrice et la commissaire d’art Katia Porro.
Empty Spaces (2018, 1’54”, anglais)
Clin d’oeil silencieux au feeling in the eyes de Seth Price (2002), Empty Spaces consiste en un diaporama de locations saisonnières en Charente Maritime. Un poème lu par une vacancière Américaine complète le tableau d’un tourisme « ubérisé » et terriblement banal.
The Unknown Man (2019, 7’27”, anglais sous-titres français)
The Unknown Man est bien réel, si bien qu’il raconte sa propre histoire. Famedya54 qui s’incarne ici en James, est un acteur tiré du site internet fiverr.com, place de marché en ligne pour travailleurs indépendants. On peut lire au dessus de son profil « Camera shy? Use a professional spokesperson video to hype your brand ». L’espace mental, le décor, construit autour du protagoniste, sa maison-bureau, est une fresque médiatique où les éléments peints, liquéfiés entre eux enveloppent son occupant. Pas de pinceaux, ni de réels ciseaux ici : une collection d’images de AirBnB, de faits divers et autres found footage sont assemblés numériquement entre eux et constituent l’alliagede la vidéo, où le montage reste roi.
Vous êtes chez vous (2020, 5‘04”, anglais)
Le langage est confus, l’erreur est évidente. Croyant s’adresser à Madame Boutemy, l’interlocuteur angoissé déplore que sa location AirBnB du 33 rue Saint Claude, à la Rochelle, ne soit probablement visitée en son absence. Une paranoïa est palpable et offre un prétexte en or pour amorcer un projet confiné. Jean-Philippe Vernet, car c’est comme ceci qu’il se présente, sera le protagoniste de l’histoire. Le décor est fabriqué à la manière d’un stalker, l’enquête-montage de l’artiste, depuis sa chambre, nous éclaire sur l’individu et son appartement.
Gaspar Willmann (France) est en résidence à la Cité internationale des arts par le biais du programme de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon.