Depuis 2004, Marion Gronier développe un travail photographique qui creuse le portrait pour en extraire sa puissance d’agir dans des face-à-face sans échappatoire.
Après des études littéraires, elle travaille trois ans à l’Agence Vu avant de se consacrer à ses projets personnels qui se fixent sur les visages de personnes stigmatisées.
Son travail s’est construit suivant deux axes. Le premier a cherché dans les masques la figure du dédoublement, de l’absence à soi-même et de la mort dans la fixation photographique de pratiques performatives survivantes. Le second s’attache à porter une critique des constructions d’assignation sociale que le portrait photographique peut autant produire qu’abolir.
De 2005 à 2008, elle réalise Nuit blanche série consacrée aux visages grimés des acteurs de théâtres traditionnels asiatiques.
Sa deuxième série, I am your fantasy (2010-2011), diptyques fille-mère réalisés dans des concours de mini-miss amateurs dans le Nord de la France, fait l'objet d'une exposition personnelle au Musée de la Photographie de Charleroi en 2011 et d'une première monographie aux éditions Images en Manoeuvres.
En 2012, elle est lauréate de la Résidence BMW-Musée Niépce. Elle y réalise Les glorieux, portraits d’artistes de cirques itinérants, exposés aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo en 2013 et réunis dans un deuxième livre aux éditions Trocadéro.
De 2013 à 2019, elle entreprend un travail aux États-Unis sur la violence de son histoire coloniale. Cette série intitulée We were never meant to survive, reçoit à deux reprises l’Aide à la création photographique documentaire contemporaine du CNAP. Exposée depuis 2020, chez Agnès b. et à la Galerie du Château d’eau à Toulouse notamment, elle fait l’objet de son troisième ouvrage, édité par Le Bec en l’air en 2021.
Son dernier travail, pour lequel elle a obtenu la résidence « Elles & Cité », se détourne de la figure humaine pour sonder le langage indéchiffrable des corps habités par la « folie ».