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Ballades férales

Avec les lauréats du programme IN SITU ● Commissariat : María Inés Rodríguez

Du 13 au 24 mars 2024

Cité internationale des arts

Imaginé par la Fondation Daniel et Nina Carasso et la Cité internationale des arts, IN SITU est un nouveau programme de résidences pluridisciplinaires conçu avant tout comme un espace inclusif, ouvert au débat, à l'échange d'idées et à d'autres formes de transmission de connaissances, dans lequel la transition écologique était au cœur de notre recherche. L'exposition et les publications que nous partageons avec vous, témoignent de ce processus. Elles rassemblent une série d'œuvres, certaines produites pendant la résidence, d'autres avant, et comprend des photographies, des sculptures, des dessins, des films et des performances. Ces éléments convergent vers un intérêt commun pour la crise climatique et les conflits sociaux, économiques et politiques qui en découlent.

 

Au cours de ces six mois de résidence, nous nous sommes attachés à repenser de nouvelles stratégies et méthodes de travail et, à cette fin, nous avons essayé de nous concentrer sur l'idée de construire un "groupe critique" qui, comme le dirait l’architecte Yona Friedman, serait capable de communiquer, d'échanger et de construire. Bien qu'éphémère, ce "groupe" aurait la capacité de se soutenir, d'être actif et attentif pour développer, de manière collective, articulée et intersectionnelle, un langage cohérent avec les défis de notre temps.

 

Pour conclure, j'aimerais imaginer qu'IN SITU nous a permis de construire un espace de travail temporaire, que je pourrais comparer métaphoriquement à la construction d'une cabane, comme celle que Marielle Macé décrit dans son livre Nos cabanes [1] : « ... sans craindre d'appeler "cabanes" des huttes de phrases, de papier, de pensée, d'amitié, de nouvelles façons  de se représenter l'espace, le temps, l'action, les liens, les pratiques.» Une cabane qui serait tout simplement une manière de se réunir.

 

María Inés Rodríguez

Commissaire du programme de résidences IN SITU

 

 

[1] Marielle Macé, Nos cabanes (Lagrasse : Éditions Verdier, 2019), p. 29.

 

Consultez le programme des performances et des films 

 

Petite Galerie
Sylvain Gouraud

Le dessilogaine - le monstre de Ravenne, 2024
Tirage fine art contrecollé sur dibond, 70,5 x 88 cm

 

Depuis la nuit des temps, l’homme convoite et assimile la force physique des animaux. La traction animale devenue unité de puissance des moteurs en est un exemple flagrant.

 

Le dessilogaine est un distributeur automatique pour l’alimentation des porcs dans la ferme de Jean Philippe Raoult à Corlay dans les Côtes-d’Armor.

 

Johan Zahn est un astronome bavarois du XVIIème siècle. Il participa activement par ses recherches sur la lumière à l’invention de la lanterne magique, en l’appliquant à l’astronomie et à la zoologie. Dans son ouvrage Oculus Artificialis Teledioptricus, il imagine la forme que prendraient ces monstres, mi-hommes mi-animaux aux capacités physiques décuplées.

Mounir Gouri

Sans titre, 2023
Fusain sur papier, 210x150 cm

 

Haonan He

Physio-social organs of respiration, Ceramic Instrument, 2024
Céramique, bambou, tubes en acier, composants fumés, 25x5x5 cm

Les organes physio-sociaux de la respiration sont l’un des résultats des recherches de Haonan He sur les pratiques liées au pavot. Plus précisément, les pratiques de fumage de l’opium et les mouvements du corps. Il définit cette série d’œuvres en céramique comme des instruments, chacun contenant deux unités qui produisent à la fois du son et de la fumée. Cette série est souvent associée à une chorégraphie intitulée Dance of the Organs.

 

Métaphoriquement, ces instruments ne reproduisent pas seulement l’action de consommation - inhaler pour produire de la fumée - mais, grâce à la création de l’artiste, confèrent à la pipe une fonction musicale supplémentaire. Cela donne une métaphore inversée de désintoxication à l’expiration, qui est contraire à l’inhalation. L’effet est multiple : interprétation historique, métaphores décolonisantes et esthétique.

Juruna Mallon

Crossing geo-sensitive experiences through an underground labyrinth of a territory in transformation, 2024
Vidéo, 09’ (oeuvre en cours)

 

Face à l’impossibilité d’accéder et de filmer en personne les chantiers souterrains du Grand Paris, j’ai décidé de pénétrer le sous-sol à partir de sa mémoire, en creusant des archives et en combinant des visions et des images de natures et d’époques différentes.

 

Cette vidéo évoque un monde transitoire, insaisissable, multiple et fluide qui nous entraîne dans un récit labyrinthique. À travers le montage, il s’agit d’ouvrir des passages entre les couches souterraines, des fissures qui servent de connexions entre différentes temporalités. Ainsi, les déplacements souterrains ne sont plus seulement physiques, mais aussi imaginaires, créant une fusion entre les espaces mythiques et concrets pour accéder aux aspects intangibles d’un territoire.

Une grande partie de la bande sonore a été composée à l'aide de microphones de contact qui captent les vibrations et les réverbérations du sous-sol, recréant ainsi des atmosphères qui nous permettent d'expérimenter des phénomènes sonores inhabituels qui ne se produisent pas à la surface.

Elvia Teotski

Des pyramides à foison, 2024
Pisé réalisé à partir de terres d’excavation, terres de carrières et terres de champignonnière, bois de charpente/Rammed earth made from excavated earth, quarry and mushroom soil, timber
46x46x180 cm (oeuvre en cours)

Dans le domaine des travaux publics, le foisonnement désigne l’augmentation du volume d’un sol ou d’une roche après son extraction.

La pyramide présentée en vitrine est la première étape d’un projet pharaonique. A partir de l’extraction de terres d’anciennes carrières, de champignonnières, et de terres d’excavation du Grand Paris Express, nous nous faisons les  futur·es bâtisseur·euses de pyramides de l’ère contemporaine. Ce modèle miniature dessine un nouveau paysage au sein de la petite galerie, de la même manière que les dépôts de terre et les buttes paysagères de la Grande Couronne s’imposent et marquent le sol et leurs écosystèmes adjacents.

Il est alors question de transformation incontrôlée, de potentielle contamination à partir d’un matériau vivant en interaction dynamique avec des environnements changeants.

Aline Xavier

Écrire la voix des animaux, 2024
Chêne et cuivre issu d’une armoire normande (XIXè)

Les motifs naturels trouvés dans une armoire ancienne, une armoire normande, sont réassemblés, formant un langage propre. La pièce s’inspire librement du chant de l’oiseau Anhupóca. Elle joue avec la précision et la répétabilité que l’on trouve habituellement dans la forme visuelle des partitions musicales.

 

Écrire la voix des animaux, 2024
Performance, 20'

Des musiciens ont été invités à improviser avec les partitions historiques de la Zoophonie, en utilisant des instruments à vent et à percussion pour jouer les voix de différents oiseaux, de grenouilles, d’un singe et d’un jaguar. Les enregistrements ont ensuite été remixés dans une bande sonore à écouter à l’extérieur, le long des berges de la Seine, à l’aide d’un haut-parleur ou d’un ghetto blaster.

 

Les pièces s’inspirent de la Zoophonie, un système inventé par l’artiste français Hercule Florence (1804-1879), pour documenter les voix des animaux qu’il rencontrait au Brésil.

Café des arts
Nuno Da Luz

Undocumented Aliens, Noisy Resistants, 2019
Vidéo, son, 08’

 

Enregistré au Parque da Saúde, Lisbonne, le 13 juin 2019, 18h, à proximité de l’aéroport de Lisbonne. En 2019, la pause moyenne entre l’atterrissage et le décollage était de 3 minutes, compte tenu de l’afflux massif de touristes. Accompagnant ces grands fauves de la gravité, on entend les cris incessants des perruches à collier. Endémiques d’Asie du Sud et d’Afrique de l’Est, elles ont été introduites en Europe pour être vendues comme animaux de compagnie. En s’échappant ou en étant délibérément relâchées, elles se sont adaptées aux climats urbains européens et vivent aujourd’hui en état féral. Dans certains pays européens, elles sont considérées comme une espèce exotique envahissante.

 

Marina Gioti

As To Posterity, 2012
Vidéo, couleur et son, 12’

Une collection de preuves visuelles d’une Athènes-du-futur-proche et complètement dépourvue d’êtres humains. Ses habitants ont mystérieusement disparu, laissant derrière eux un « tableau mourant » de béton armé, de métal et de débris de plastique coexistant avec les marbres glorieux et la flore et la faune locales. Entre science-fiction et mystère archéologique, l’œuvre propose une expédition pittoresque dans les nouvelles ruines grecques, à travers une apposition de découvertes qui servent d’indices sur le destin inconnu des protagonistes insaisissables du film : les Athéniens, qui brillent par leur absence.

 

Sylvain Gouraud

La nature des équilibres
Conférence performée avec des images, 40’

La nature des équilibres est un récit construit autour d’une enquête photographique d’une dizaine d’années dans les milieux agricoles.  Il se déploie au gré d’anecdotes situées et concrètes pour décrire sous l’angle du ressort esthétique un certain nombre de pratiques de culture. En prenant au pied de la lettre le terme de « siècle des lumières », ce travail fait l’hypothèse d’un chemin conjoint depuis le XVIIème siècle entre l’évolution des techniques de vision et la structuration de notre pensée ayant joué un rôle important dans l’élaboration d’une culture de la domination vis-à-vis du vivant.

 

Mounir Gouri

Naufrage (Shipwreck), 2016
Vidéo noir et blanc, 09’

Naufrage (Shipwreck), 2016, s'ouvre sur un plan large d'un homme assis à la barre d'un petit bateau de pêche jouant d'un oud, un instrument traditionnel du Moyen-Orient qui ressemble à un luth. Le bateau est attaché par une corde à un rivage situé juste à l'extérieur du cadre. La vidéo de Mounir Gouri est réalisée en noir et blanc, laissant la mer Méditerranée dans une teinte grise.
À première vue, l'œuvre de Gouri semble rester dans le registre de la nostalgie. Le bateau oscille doucement sur l'eau qui se gonfle. La musique de l'oud dérive légèrement sur la mer. Le musicien est patient et concentré, son attention est centrée sur son instrument, il semble ignorer le soleil qui se rapproche lentement de l'horizon. Puis un autre homme entre dans le cadre, qui s'élargit légèrement pour l'accueillir. Il se tient d'abord sur la terre ferme et observe le bateau, un croissant d'étoile dessiné au fusain sur la nuque. Mais le deuxième homme est différent, sa façon de bouger n'est pas celle d'un pêcheur ou d'un musicien traditionnel. Ses gestes sont décisifs, comme s'il était poussé par un sens interne de la direction.

Ce deuxième homme marche jusqu'au bateau et y monte. Dos à la caméra, il enlève sa chemise pour révéler un torse marqué de travaux et de symboles dans ce qui semble être du fusain. Lorsqu'il commence à danser, la vidéo passe du pittoresque à quelque chose de plus étrange, de plus discordant. Ses gestes sont vifs, faits de lignes droites, comme ceux d'un danseur techno ou d'un raver. Son corps bégaie en réponse à la musique. Sa performance n'est pas sans grâce, mais ses mouvements ne sont pas alignés, ils sont tirés d'un répertoire différent.

Le reste de la vidéo, d'une durée d'environ neuf minutes, est un portrait de ces deux hommes qui coexistent sur ce bateau, se déplaçant avec la mer. Chacun d'entre eux est présent à ce moment d'une manière différente. Comme le bateau qui reste attaché à un rivage que le spectateur ne voit pas, chaque homme est connecté à un langage esthétique qui est élaboré en dehors de l'écran, dans un autre contexte, que ce soit une fête de mariage ou un concert dans un entrepôt. L'œuvre est un portrait de leur simultanéité dans la musique et, également, de leur aliénation mutuelle.
Le titre de l'œuvre pose la question : Quel naufrage ? L'œuvre est une métaphore de la perception de l'avenir par l'écrasante proportion de la jeunesse algérienne. Comment ces jeunes femmes et ces jeunes hommes vont-ils faire la synthèse entre l'histoire et la contemporanéité, dans la musique ou dans le corps ? Il n'y a nulle part où aller, il n'y a rien à faire là où ils sont, alors ils vont au bord de la terre et improvisent face au désastre annoncé. - Natasha Marie Llorens.

 

Ana María Millán

Desert, 2023-2024
Simulation par ordinateur

Desert est une simulation faite par ordinateur qui trace un chemin entre la mine de charbon de Cali en Colombie où le quartier de Siloe a commencé et un désert habité par une masse de pétrole. Les vers sont les personnages qui guident le joueur d’un endroit à l’autre mais aussi ceux qui creusent pour aller au centre de la terre.

Le quartier Siloe a été fondé sur mes puits, près du ruisseau,
Personne n'osait y entrer 
Mais les chercheurs d'or de Marmato l'ont fait. 
Ils sont entrés avec des pioches et des pelles 
et parfois ils m'ont fait sauter à la dynamite. 
Quand il y avait assez de gaz, ils allumaient une mèche 
pour brûler le gaz.
Et pour faire le feu de joie du bien et le feu de joie du mal.
Les mineurs de Marmato passaient par ici.
Si vous entrez, vous ne ressortirez pas
Et vous devez faire face aux rochers.
La mine a disparu et c'est maintenant une montagne.

Marcher dans le désert et se cacher "Nos yeux libres s'ouvrent maintenant sur de nouveaux horizons et peuvent voir ce qu'hier, nous ne pouvions pas observer : que la Civilisation déguise derrière sa façade voyante un tableau de hyènes et de chacals..."  Marcher, marcher "Parce que cette grande humanité a dit Assez ! et s'est mise à marcher. Et sa marche géante ne s'arrêtera plus."

"La poursuite des guerres du pétrole ou leur fin définitive impliquent d'immenses révélations et leurs conséquences correspondantes à tous les niveaux de la vie planétaire. À travers le mythe des combustibles fossiles, selon lequel les hydrocarbures constituent l'origine du pétrole, le slogan pacifiste classique "Pas de sang pour le pétrole" peut être relié à la pétro-politique de la porphyrine."

 

Paraguay Press
Nuno Da Luz

Ebb and Flood for Nowness in the Sinkhole, 2024
Son, 30’ (en boucle)

La bande son de Nowness in the Sinkhole de Gayatri Kodikal traverse le centre de la terre et mélange les marais fluviaux de la Seine avec les mangroves côtières de Goa, ré-imaginant et re-mémorant les parties dispersées d’un corps tentaculaire et intertidal. Les cris diasporiques des perruches d’Asie du Sud à Paris ou les claquements bruyants des écrevisses et des crustacés dans les eaux saumâtres s’écoulent dans des schémas cycliques, plongeant en apnée et revenant à la surface pour prendre l’air.

 

Gayatri Kodikal

Nowness in the Sinkhole, 2024
Performance, 30’

Sediment Trap (sculpture suspendue)
Units of Time (pièces en argile)
hybrid notation drawing, vidéo 07’08’’
Accessoires pour la performance : corde en tissu fabriquée à la main, chaise en bois pliable

 

Pouvons-nous survivre en étant à un pas de la mort à travers un refuge transformationnel, obscurci par les perceptions occidentales du corps et du temps ? Kodikal étudie la qualité du mouvement sur une viscosité variable qui s’inspire d’expériences de fuite et de présence dans les écosystèmes de mangrove. La rencontre du corps avec la « nature » et la « technologie » réimagine notre capacité à survivre à la spirale de la crise écologique actuelle. La fragmentation du corps joue avec les forces gravitationnelles, devient inerte, forme des sédiments, tandis qu’une oralité désincarnée exprime les sons hérétiques d’une forêt hostile. La danse informe une stratégie inventive pour réfléchir à la cartographie de l’identité et du mouvement dans des espaces de jeu non conventionnels.

Avec la danseuse Sofia Cardona Parra

 

Atelier témoin

Présentation de la boîte-cabane, publication collective des artsites du programme : Nuno Da Luz, Marina Gioti, Sylvain Gouraud, Mounir Gouri, Haonan He, Gayatri Kodikal, Juruna Mallon, Ana María Millán, Elvia Teotski et Aline Xavier.

 

informations pratiques

Du 13 au 24 mars (Du 13 au 17 mars pour le Café des arts)
 

Mercredi 13 mars, de 18h à 21h 
Du 14 au 17 mars, de 14h à 19h 
Le 20 mars de 18h à 21h 
Le 23 mars de 14h à 18h
Et sur rendez-vous. 

 

Petite Galerie, Vitrine de Paraguay Press, Café des arts et Atelier témoin (Atelier 8221)
 

Consulter le programme des performances et des films

 

 

 

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