Dans la Passion selon Saint Jean, Bach dépeint le moment qui suit la crucifixion du Christ dans l'aria Tout est accompli pour alto, viole de gambe et basse continue. Beethoven a été profondément touché par cette musique, qui associe une grande tristesse à un triomphe final, et l'a citée dans le dernier mouvement de la Sonate Opus 110.
Ses trois dernières sonates pour piano ont été écrites pour une seule commande, mais il lui a fallu deux ans pour les achever, et bien que chacune d'entre elles soit en soi un voyage extraordinaire, les trois forment ensemble un voyage plus long et plus important. Elles présentent des drames d'émotion, de lutte et de résolution finale, soit par un triomphe audacieux sur l'adversité dans l'Opus 110, soit par une transfiguration dans un monde d'intemporalité, de contemplation et d'acceptation dans les Opus 109 et 111. Nous avons l'impression que la lutte pour la paix est elle-même devenue un thème central. Dans les dernières minutes de la dernière sonate, Beethoven se tient au bord de l'éternité.
Stephen Porter (États-Unis) est en résidence à la Cité internationale des arts