sculpture peinture installation

Gaelle Loth

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ENTRETIEN

 

Vous êtes lauréate du programme de résidences conçu par la Cité internationale des arts et l’ADGAP. Qu'est-ce qui est pour vous le plus significatif de cette expérience ?

"La combinaison temps-espace-financement offerte par ce programme est précieuse. Il est finalement rare dans la vie précaire de la plupart des artistes de pouvoir être focalisé·e sur de la recherche et de l'expérimentation, sans résultats attendus. L'expérience est donc troublante, mais c'est sans nul doute grâce à des moments tels que ceux-là que le travail de création a la possibilité de prendre de nouvelles dimensions."

 

En quoi votre pratique artistique se nourrit-elle de votre travail dans la microédition ?

"La microédition permet de matérialiser des expérimentations à échelle réduite. Qu'il s'agisse d'expérimentations dans le contenu, dans les formes de récits ou dans la forme même de l'objet papier. Les publications sont pensées, conçues, imprimées, façonnées et distribuées en autonomie, avec une économie miniature. La microédition n'est pas spectaculaire, pas grandiose, elle circule émancipée dans les marges du monde de l'art. J'essaie de garder la liberté qu'autorise ce format avec mes peintures. Mais pour moi, il n'y a pas de distinction et de hiérarchie entre ces différents médiums. Tout ça fait partie de ma pratique artistique, les choses sont interconnectées et se nourrissent les unes les autres."

 

Quels sont les projets ou recherches que vous développez en ce moment (pendant votre résidence) ? Vos projets futurs ?

"Dans la première moitié de ma résidence, je me suis interrogée sur les catégorisations "classistes" en art qui tendent à déconsidérer certaines pratiques. Dans mon travail, j'ai voulu décloisonner et m'amuser de ces principes. J'ai utilisé la figure de l'artiste (mise en lumière par la résidence), motif romantique et stressé, fragmenté en mains tenant des palettes de peinture ou des coupes de proseccos, visages rougis et masques d'apparats. J'ai créé des jeux d'échelles (toute puissance vs illégitimité), utilisé des matériaux et jeux d'enfants (pâte à modeler, circuit voiture...), des codes de la bande dessinée et du spectacle, et tenté de valoriser ces références en des structures explicitement narratives, appliquées à de grands formats. Par exemple, il me semble que de mon atelier-logement, ma vue sur la Seine est encadrée par des fenêtres ressemblant à des cases de bd.

La deuxième partie de ma résidence est consacrée à la réalisation d'une microédition, ou plutôt à son contenu pour le moment, des peintures de petites dimensions et des gravures inspirées de mes recherches sus-citées, qui seront plus tard imprimées en risographie. 

Enfin, après la résidence, je continuerai certaines des recherches initiées ici. Puis je consacrerai du temps à la préparation d'un ouvrage, à paraître aux éditions lyonnaises Arbitraire, sur l'artiste Gwendoline Desnoyers, influence majeure pour moi. Je préparerai ensuite une exposition personnelle pour l'espace d'art contemporain le Point Commun, à Annecy."

 

 

BIOGRAPHIE

 

Née en 1988 et diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art de Lyon en 2012, Gaelle Loth vit et travaille à Lyon. Sa pratique allie peinture, sculpture et installation. En 2022, son travail a fait l’objet de trois expositions personnelles : « L’Oreille décollée » à L’Epicerie Moderne (Lyon), « Le récit est une plaine » à la Fondation Bullukian (Lyon), et "De certaines manières affectées" à La Tôlerie (Clermont-Ferrand).

La résidence aura lieu à la Cité internationale des arts (site du Marais) de janvier à fin mars 2023. La lauréate bénéficiera d’une bourse de vie de 2 000 € par mois, d’un accompagnement professionnel et d’une mise en réseau avec l’ensemble des artistes et professionnels en résidence à la Cité.

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