écriture

Christine Herzer

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ENTRETIEN

 

Quels changements et évolutions sont à noter dans votre travail grâce à la résidence à la Cité internationale des arts, à Montmartre ?
 

"Le choix de la fenêtre comme médium ainsi que moyen d’expression et de perception fut un choix determinant pour ma pratique.
Une fenêtre permet à l'extérieur et l’intérieur de co-exister (co-habitation) et peut-être même de communiquer. 
Une fenêtre n’est pas un mur mais elle crée de la distance. Elle contient un désir.
Une fenêtre – tout comme une peau – permet de capturer la tension qui existe entre l’intime, le social et le public. 

 

Gratitude infinie pour l’atelier H19 et ses 8 fenêtres qui m’ont permis d’expérimenter et d’habiter (= écrire) mon propre livre.

 

J’ai compris :


Les mots m’habitent.
Pour moi, habiter est une façon d’écrire un lieu.
Pour moi, écrire est ma façon d’habiter un lieu.

 

J’écris des dessins. 

 

J’ai compris :


Manquer de confiance n’est pas une limitation. 

Ma pratique plastique-littéraire est une forme de réciprocité amoureuse; a relationship, a form of falling in love and sometimes out of love with language, speaking, and the act of writing ;

 

 

Pour résumer, la résidence à Montmartre (lieu habité, lieu de toutes les présences) fut un retour aux sources : comme tomber follement amoureuse de sa propre vie, la vie d'une artiste poète, y compris sa partie 'invisible', sa partie d'invisibilité. 
 

Comme dans les mots de Louise Bourgeois : You have to accept the fact that others don't see what you do & Art is a guarantee for sanity."

 

 

Une anecdote sur votre résidence à la Cité internationale des arts ?
 

"J’ai dû changer d’atelier au milieu de ma résidence. J’ai dû quitter le H19 avec ses huit fenêtres et son parquet splendide pour occuper l'atelier C02 dont je n’aimais ni l’odeur ni le sol en carrelage.

 

J’adorais son escalier en bois. Je n’aime pas le choix du carrelage pour le sol – j’écris au sol – et je n’aime pas les fins.

 

J’ai passé deux semaines à comprendre ce dont le sol du C02 avait besoin pour que je puisse l’aimer/écrire : je l’ai couvert d’une bâche plastique transparente. Elle servait à la fois de support pour l’écriture et de support de stockage. Le changement 'involontaire' m’a permis d’offrir à moi-même et aux visiteurs de l’atelier C02 l’experience de marcher sur une peau de mots. Elle couvrait, exhibait et exposait des oeuvres au sol. Elle subissait / réceptionnait mes pas et mon poids ainsi que ceux de mes visiteurs. Barthes dit que le langage est une peau, que cette peau impacte la peau de l’autre.

 

FROTTAGE   FRONTIERE   AMOUR"

 

 

 

 

BIOGRAPHIE

 

Poète et artiste visuel, Christine Herzer (France/Allemagne) répète / maltraite / AIME les mots. Son projet de recherches et d’écritures se nomme “I LOVE LANGUAGE’. COMMENT RENDRE VISIBLE LES BLESSURES DU LANGAGE?”.

 

Depuis plus d’un an elle écrit des dessins en répétant un seul mot [soigneusement choisi] comme une actrice répète/habite un rôle ou un personnage : Comment rendre visible le lien entre un mot et son ressenti ? Quelle est la fonction de la répétition dans le processus créatif ?

 

Diplomée en littérature (M.F.A. Poetry, Bennington College, Etats-Unis), Christine Herzer publie dans de nombreuses revues littéraires américaines et internationales comme Fence, The Volta, The Offending Adam et Aesthetica Magazine. Elle a vécu 12 ans en Inde, partageant son temps entre l’écriture, la méditation et l’enseignement (elle était Guest Lecturer au prestigieux National Institute of Design à Ahmedebad et Scholar-in-Residence à Symbiosis College for Liberal Arts à Pune).

 

Son recueil de poèmes intitulé ORANGE va être publié chez Ugly Duckling Presse (Brooklyn, Etats-Unis) pour l’été 2018.

 

 

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