photographie

Cédrick-Isham

ENTRETIEN

 

Une résidence à Montmartre, à la Cité internationale des arts sur le site de Montmartre, c'est comment ?

 
"L’ambiance est assez reposante sur le site de Montmartre. On a l’impression d’être dans une petite bourgade provinciale et le charme des alentours accentue cette impression. En effet, le quartier en lui-même a constamment un air de vacances du fait des nombreux touristes qui y passent. Quand on s’y balade on découvre toujours une nouvelle ruelle sympathique. 

La résidence en elle-même est plus agréable mais l’interaction entre les résidents est moins instinctive. On ne se croise pas constamment. Le gardien participe à l’ambiance de la résidence et est souvent disponible pour aider ou répondre à nos demandes."
 
 

Quels sont vos projets en cours ?

 

"Moun An Ba La qui signifie littéralement « Les gens de là-bas », s’intéresse à la communauté guadeloupéenne vivant en région parisienne suite aux différents exodes, ayant eu cours depuis le BUMIDOM, un dispositif de recrutement mis en place par l’état français en 1963. De nombreux guadeloupéens avaient traversé l’atlantique afin de gagner le sol français dans l’optique de changer de vie. En parallèle, d’autres compatriotes ont tenté leurs chances par leurs propres moyens et nous remarquons que depuis lors, la Guadeloupe n’a eu de cesse de voir partir, générations après générations, ses «enfants », tous partis trouver un nouveau soleil dans l’hexagone. En 2012, il était recensé plus de 115 000 guadeloupéens vivant en Île-de-France soit presque le tiers de la population totale guadeloupéenne actuellement…

 

Ce projet qui se veut, avant tout, une vraie aventure humaine, nous amène à considérer notre positionnement en tant qu’îlien d’origine et donner de la consistance à cette question souvent posée mais auxquels peuvent répondent clairement : qu’est-ce qu’être un guadeloupéen au sein de la nation France ? C’est aussi une interrogation forte qui se pose quant à l’avenir de toutes ces générations. Souvent tiraillées entre le désir de s’établir dans la bassin parisien et l’envie de rentrer au pays, ils soulèvent indirectement des questions plus subtiles liées au sens des mots migration et intégration. Moun An Ba La tentera de mettre en lumière comment l’identité guadeloupéenne se vit, s’affirme et s’émancipe hors de ses frontières tout étant confronté aux défis identitaires liés aux questions que la problématique de l’intégration soulève."

 

 

 

BIOGRAPHIE

 

Cédrick-Isham, artiste-photographe guadeloupéen, est avant tout issu de l’école du rap qu’il découvre en 1998 ; il sera fortement influencé par l’âge d’or du rap français et de ses textes engagés. Une première expérience en journalisme, en 2004, le rapproche fortuitement de la photographie. C’est en 2009 qu’il se décide et fait l’acquisition de son premier boîtier réflex numérique.

 

Après des premiers clichés timides, il fait la rencontre de Charles Chulem-Rousseau et Daniel Goudrouffe qui vont le conseiller et l’encourager dans la direction qu’il recherche : saisir et dévoiler le non-révélé. 

 

Son travail photographique prend un véritable tournant en 2013, à travers un projet lancé sur les réseaux sociaux et intitulé La Guadeloupe, mon visage. Il y fait le choix d’approcher les sujets par le biais de portraits serrés qui sont pour lui une façon de vaincre le rejet de soi, de sa propre image et de la peur du regard de l’autre.

 

Par la suite, il participe à plusieurs expositions, développe sa vision et son écriture photographique empreinte de poésie humaine et nourries de ses parti-pris. Aujourd’hui, certains le décrivent comme un portraitiste, mais lui se voit avant tout comme un témoin engagé et participant de son temps.

lire aussi