Disparition

George Hallett – Un photographe en exil, par Riason Naidoo

George Hallett, l'un des plus éminents photographes d'Afrique du Sud, est décédé cette semaine, le 1er juillet.

Né dans le District Six du Cap en 1942, George Hallett suit une formation de photographe de rue auprès du studio de Kariem Halim. Il quitte l'Afrique du Sud en 1970, peu après l'entrée en vigueur de la loi Group Areas Act dans sa ville natale, qui contraint les Noirs à quitter des zones mixtes telles que le District Six (1966) et Simon's Town (1970).

À son arrivée en Grande-Bretagne, George Hallett travaille pour le Times Higher Education Supplement et conçoit des couvertures de livres pour la célèbre Heinemann African Writers Series. A cette même période, ses autres photographies portent sur les exilés politiques et artistiques sud-africains à Londres, Amsterdam et en France. 

 

En 1971, George Hallett s'installe à Céret, dans le sud de la France. Un autre éditeur légendaire d'histoires africaines, les Éditions Présence Africaine, l'invite alors à exposer son travail avec les artistes sud-africains Gérard Sekoto et Louis Maurice à la Salle de la Siem à Paris en 1974. Ce fut la première de ses nombreuses rencontres avec Sekoto, qui devint l'un de ses sujets préférés, avec, bien sûr, son ami de toujours, Peter Clarke.

Le talent exceptionnel de ces trois artistes, liés par leurs expériences respectives en France et par leurs rencontres dans le pays, est d'ailleurs mis en lumière dans l'exposition Un portrait d'Afrique du Sud : George Hallett, Peter Clarke et Gerard Sekoto qui s'est tenue à la Cité internationale des arts en 2013, dans le cadre de la Saison sud-africaine en France.

 


En 1990, George Hallett retourne en Afrique du Sud, juste avant la libération de Nelson Mandela. Il photographie les préparatifs des premières élections démocratiques en 1994 et est le photographe officiel de l'importante Commission Vérité et Réconciliation (CVR) qui a amnistié les personnes impliquées dans les crimes de l'apartheid en échange de la vérité.

L'œuvre de sa vie a fait l'objet d'une rétrospective complète à la South African National Gallery en 2014. 

George Hallett reçoit le titre de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres du Ministère français de la Culture en 2016.

 

 

Texte par Riason Naidoo, lauréat de la commission Ecritures de la Cité internationale des arts et commissaire de l'exposition Un portrait d'Afrique du Sud : George Hallett, Peter Clarke et Gerard Sekoto (2013).

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